Quels sont les liens entre l’ocytocine (l’hormone de l’amour) et l’obésité ?
Qu’est-ce que l’ocytocine ?
L’ocytocine (du grec « accouchement rapide ») est une hormone surtout synthétisée par le cerveau qui agit principalement sur les muscles lisses de l’utérus et des glandes mammaires. Outre son rôle dans la reproduction sexuelle particulièrement pendant et après la naissance, cette hormone pourrait également jouer sur différents comportements (orgasme, reconnaissance sociale, attachement aux pairs, empathie, anxiété, comportements maternels, confiance, etc.). On note également un lien avec l’obésité.
Influence de l’ocytocine sur le comportement alimentaire
Une équipe de chercheurs allemands a mené une expérience auprès d’hommes. A la fin de leurs repas, il leur a été proposé des biscuits au chocolat. Les résultats ont varié selon que ces hommes avaient reçu, ou non, une dose d’ocytocine (par vaporisation nasale) : ceux qui avaient eu une dose d’ocytocine ont consommé 25% moins de biscuits que les autres.
La même expérience a été menée chez les individus à jeun. Dans ce cas, il n’y a pas de différence de comportement entre les deux groupes.
Les chercheurs allemands émettent alors l’hypothèse que l’ocytocine bloque le goût du manger pour le plaisir (et non pas la « vraie » faim).
L’ocytocine n’a donc pas qu’un rôle positif dans les interactions sociales dû à la sensation de bien-être et à la diminution du stress qu’elle provoque. Ces 2 caractéristiques (bien-être et baisse du stress) pourraient d’ailleurs être la raison de la diminution de l’envie de grignoter.
En effet, en situation de stress, on a tendance à manger plus d’aliments sucrés. D’ailleurs, les participants à l’expérience qui avaient inhalé de l’ocytocine avaient des niveaux de stress plus bas que les autres.
Ocytocine et développement de l’obésité
Une étude avait déjà mis en avant que des souris déficientes en ocytocine pouvaient développer une obésité sans que leur régime alimentaire ne soit modifié. Et, chez les souris obèses, l’injection d’ocytocine permettait une réduction de la prise de poids. Des souris ont reçu durant près de 2 mois un régime gras avant de recevoir des injections intra-cérébrales d’ocytocine pendant 2 semaines ; l’injection d’ocytocine a permis de réduire de 50% la prise de poids de ces souris sans changement dans leur alimentation.
Plusieurs explications sont mises en avant :
- L’ocytocine diminue les triglycérides (réserve d’énergie destinée à être stockée dans le tissu adipeux) dans le sang,
- Elle augmente la transformation de ces triglycérides en énergie, diminuant ainsi le stock de graisses
- Elle diminue l’intolérance au glucose et la résistance à l’insuline
Bref, voilà une nouvelle hormone qui peut influer sur la prise et la perte de poids. Difficile, par contre, de donner une « recette du bonheur » qui permettrait de bénéficier de ses heureuses conséquences sur la santé !
Source : Mechanisms of the anti-obesity effects of oxytocin in diet-induced obese rats, PLoS One, 2011