Alors que l’obésité continue à progresser en France (certes, plus lentement), particulièrement chez les moins de 25 ans, les industriels de l’agroalimentaire doivent faire avec l’épidémie d’obésité.
Des obligations multiples
Le premier facteur qui incite les industriels à revoir leurs produits sont les consommateurs eux-mêmes. Ainsi, 92 % des Français estiment que l’industrie agroalimentaire a un rôle très important dans l’augmentation du surpoids et de l’obésité (sondage réalisé par OpinionWay pour l’agence de communication LJ Corporate). A noter que la moitié d’entre eux (51%) pensent aussi que les industriels ont déjà fait des efforts pour proposer des produits plus équilibrés sur le plan nutritionnel.
Le deuxième facteur est d’ordre réglementaire. Les pouvoirs publics peuvent mettre en place des taxes sur certains produits, trop gras ou trop sucrés. Par exemple, au Danemark et en Hongrie, les chips (l’un des produits les plus gras) sont taxés. De l’autre côté de l’Atlantique, la Ville de New York prévoit d’interdire la vente de boissons sucrées (les sodas) de plus de 470 ml pour lutter contre l’obésité. Florent Chapel (directeur associé chez LJ Corporate) prévoit que «bientôt, les hommes politiques n’hésiteront plus à légiférer pour interdire les produits les plus gras et les plus sucrés qui ont le plus d’impact sur la santé. Pour caricaturer, un jour le Nutella sera interdit et les chips et les sodas devront être exposés sur le haut des rayonnages, hors de portée des enfants.» En France, en plus des boissons énergisantes dont la taxation est envisagée entre 0,5 et 2 euros par litre, un amendement pourrait « augmenter la taxe sur les boissons sucrées industrielles de 50 % afin d’en limiter la consommation » !
D’autres facteurs pourront entrer en ligne de compte : aux Etats-Unis, la chaîne de télévision Disney s’est engagée à ne plus diffuser de publicité pour la « junk food ».
Les industriels réagissent
Sur ce blog, nous avons déjà parlé de Mars qui s’engage à limiter le nombre de calories de ses barres chocolatées.
Autre exemple : après Kellogg’s (« Depuis juillet 2011, la teneur en sucre des céréales Miel Pops, Miel Pops Cracks, Coco Pops 2 Choc’ et Chocos a baissé de 15% dans l’Hexagone et une réduction de 9% en moyenne est attendue pour l’ensemble des produits Kellogg’s d’ici 2014 » dit le site de la marque) et McDonald’s, c’est Nestlé qui annonce qu’il y aura moins de sucre et de sel dans ses céréales pour enfants. Ainsi Nestlé et General Mills (qui produit les céréales) ont déclaré mi-octobre 2012 que la quantité de sucre diminuera de 24% dans les céréales pour enfants (Cheerios, Chocapic, Nesquik, etc.), tandis que celle de sel baissera, quant à elle, de 12%.
Healthwashing
Nous avons montré que même limité en nombre de calories, les barres chocolatées restaient une source très importantes de calories, de sucre rapide et de graisses saturées. Bref, derrière le discours « santé » se cache un produit qui n’est toujours pas bon pour la-dite santé.
De son côté, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir est très claire : « Cela reste totalement insuffisant. L’Institut national de la recherche agronomique et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ont montré que pour un enfant qui consommerait 100 grammes de sucres simples par jour, ces baisses ne diminueront sa consommation que de 1 gramme ! »
Chez Nestlé, l’effort de transparence se fait vraiment sous la contrainte : son directeur général peste contre les « politiciens qui cherchent à encadrer peu à peu la société ». Ce qui n’empêche pas les grandes multinationales à exposer les plus jeunes à « un marketing intensif de produits trop riches en graisse, en sucre ou en sel » (dixit l’Organisation Mondiale de la Santé).
La marketing passe entre autres par du parrainage sportif. Un amendement du gouvernement propose ainsi que « toute opération de parrainage notamment dans le domaine sportif soit interdite lorsqu’elle a pour objet ou pour effet la propagande ou la publicité, directe ou indirecte, en faveur des boissons définies à l’article 1613 ter du Code général des impôts ».
Et si l’une des solutions résidait dans les étiquettes ?
Le ministre chargé de l’agroalimentaire, Guillaume Garot, souhaite rapidement faire avancer les choses, en signant un « pacte » avec les 12 000 entreprises du secteur pour améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits. Deux axes devraient ainsi être travaillés dès novembre 2012 (pour un accord courant 2013) :
- Les recettes : « Il faut changer les recettes pour qu’il y ait moins de sucre, moins de sel, moins de graisse » dans les biscuits, les snacks et les apéritifs, affirme Guillaume Garot (sur Europe 1),
- Les étiquettes : « Nous allons travailler sur l’étiquetage pour faire en sorte que l’information donnée aux consommateurs soit plus simple, plus compréhensible », insiste le ministre chargé de l’agroalimentaire pour qui il faut être quasiment ingénieur chimiste pour les comprendre. Concrètement, des logos de couleur pourraient être créés (ex : des feux tricolores, pour signaler le degré de risque) tandis que des mentions officielles (ex : « conçu avec moins de sucre » ou « avec moins de gras ») pourraient faire leur apparition sur les paquets.
Les bons réflexes
Les consommateurs peuvent aussi limiter leurs achats de produits issus de l’industrie agroalimentaire, comme nous le suggérions entre les lignes dans nos 10 conseils à mettre en place pour lutter contre la prise de poids (« apprendre à consommer les aliments que nous aimons avec modération », « éviter les boissons sucrées telles que les sodas ou autres limonades »…) et nos 10 conseils pour lutter contre l’obésité infantile (« Cuisiner des menus variés et équilibrés. Intégrer un part importante de fruits et légumes », « éliminer les biscuits sucrées »…) !
Et vous, comment traitez-vous la problématique des produits issus de l’industrie agroalimentaire ?